Sous-Lieutenant au 5e RI, François arrive sur le front début décembre 1916 à temps pour se rendre au chevet de son frère aîné qui, grièvement blessé, décèdera quelques jours plus tard. Il sera lui-même sérieusement blessé en 1918 avant d’être fait prisonnier trois semaines avant l’armistice.
élève instituteur avant la guerre, il fera carrière dans l’Education Nationale.
François Trellu naît le 1er mars 1897 à Kergadoret. Il est le 4ème enfant et le plus jeune fils de Yves, charpentier et de Marie-Anne Rolland.
Comme son frère aîné Yves, François devient à son tour instituteur. I
l entre à l’Ecole Normale de Quimper le 30 septembre 1912, et obtient son brevet supérieur le 18 juillet 1914. A la rentrée 1914, il est nommé instituteur stagiaire à l’école de Cast.
François Trellu est mobilisé le 7 janvier 1916 et rejoint le 115e régiment d’infanterie, en garnison à Mamers.
De taille moyenne (1,62m), il a les cheveux et les yeux châtains.
1916, formation militaire et départ pour le front
Le 4 mars 1916, il écrit de Mamers avec une certaine fierté « hier j’ai touché un fusil Lebel que je vais garder pendant tout mon séjour ». Au dépôt du 115e RI de Mamers, il se prépare à l’examen pour intégrer l’école des élèves-aspirants de Saint-Maixent. Sur la photo du peloton des élèves aspirants datant du 1er avril 1916 et prise à Mamers, on l’aperçoit en bas, tout à fait à droite.
Reçu à son examen, il intègre le centre d’instruction des élèves-aspirants de St Maixent du 10 mai au 15 octobre 1916, et est nommé successivement caporal, le 15 août, puis sergent le 15 septembre et enfin aspirant le 15 octobre.
Le 11 novembre 1916, en route pour le front, il envoie une carte postale à sa jeune soeur depuis Orléans. Il est alors aspirant au 9e bataillon du 115e RI. Mi-novembre 1916, le 115e Ri est en cantonnement dans le secteur de Ville-en-Tardenois à l’ouest de Reims, à l’instruction. Fin novembre, le régiment fait mouvement, à pied, vers l’ouest jusque dans le secteur de Beauvais. « La marche et longue et dure » peut-on lire dans le JMO du 115e. Le régiment reste à Valdampierre, au sud de Beauvais, jusqu’au 31 décembre.
En décembre 1916, son régiment étant en cantonnement, François obtient probablement un congé. En effet, il est au chevet de son frère, Yves Trellu, sous-lieutenant au 4e RI, dans le secteur de Verdun quand celui-ci décède de ses blessures le 13 décembre 1916 à l’ambulance de Landrécourt.
1917, combats et première permission
Le 20 février 1917, il passe au 5e régiment d’infanterie. Début mars, le 5e RI régiment se déplace à l’est de Nancy où il est occupé à l’organisation d’une deuxième ligne et de postes d’artillerie. Mi avril 1917, on le retrouve à l’Ouest de Reims.
Début juin 1917, le régiment occupe un secteur du Chemin des Dames, âprement disputé, soumis à de violents bombardements. Le 29 juin, il subit un assaut meurtrier qu’une contre-attaque repousse finalement. Une nouvelle attaque se produit violemment le 14 juillet sur le saillant de l’Arbre de Cerny, occupé par le 5e RI. La situation est critique. Attaques, contre-attaques. La lutte se poursuit jusqu’à 3 heures du matin. L’ennemi doit abandonner la plus grande partie du terrain conquis.
Le 18 juillet 1917, le régiment est relevé et reste au repos jusqu’au 12 août. Pendant cette période, François a obtenu une permission. Il est à Kergadoret depuis 3 jours quand il écrit, le dimanche 12 août, une carte postale inachevée au sergent Thiberge de sa compagnie « Je vous rejoindrai dimanche. Où ? je ne sais pas. Vous devez être en ligne sans doute en ce moment. Ici on ne se doute pas qu’il y a la » La carte s’arrête là.
Il rejoint son régiment, qui est à nouveau dans le secteur du Chemin des Dames à partir du 19 août, échappant aux durs combats des 13 et 14 août. Il est alors aspirant à la 5e compagnie du 5e RI.
De fin août 1917 à mi février 1918, le régiment alterne secteurs de ligne, repos et périodes d’exercices.
François est promu sous-lieutenant d’active à titre temporaire, le 17 février 1918.
1918, l’année des coups d’éclat
Le 18 février 1918, le régiment est transporté en Champagne. Après 10 jours de repos, il occupe le secteur de Suippes jusqu’au 13 juin.
Pendant cette période, le rédacteur de l’Historique du 5e RI témoigne : « de hardis coups de mains ont été tentés avec succès et ont contribué à la capture de prisonniers. Ils ont mis en relief la valeur personnelle de plusieurs officiers (…) comme les sous-lieutenants BESNARD, TRELLU… ».
Ceci lui vaudra sa première citation à l’ordre du régiment, le 25 mars 1918, qui figure sur sa fiche matricule : « a fait preuve d’un grand sang-froid en parcourant 400 mètres de terrain sous u violent bombardement pour se rendre compte de ses effets sur un de ses groupes de combats menacé d’un coup de main«
Fin avril, début mai 1918, le bataillon de François Trellu est sur la butte de Souain. Il obtient une deuxième citation à l’ordre de la 4e armée, le 6 mai pour la capture de deux soldats allemands du 345e IR opérée le 29-30 avril. François est alors à la tête des grenadiers d’élite du 2e bataillon du 5e régiment d’infanterie. Cette opération est décrite dans le JMO du 5e RI en date du 29-30 avril 1918.
François est sérieusement blessé le lendemain, 1er mai. Voici ce que l’on peut lire dans le JMO :
« Une reconnaissance effectuée par le sous-lieutenant Trellu se porte jusqu’aux lignes ennemies dans le but d’enlever une sentinelle double et s’approche de cette dernière jusqu’à 10 m environ, l’officier en tête de sa troupe était resté caché dans la chicane accédant au P.P. Une patrouille ennemie d’une dizaine d’hommes venant du K.2 arrive au P.P. et s’apprête à en sortir par la chicane dans laquelle se trouvait engagé le sous-lieutenant Trellu. Ce dernier engage aussitôt le combat à la grenade au cours duquel il reçoit plusieurs éclats à la jambe et à la cuisse. Notre détachement rejoint nos lignes au complet, poursuivis par les tirs de mousqueterie des sentinelles ennemies ».
François est évacué le 2 mai pour « plaie pénétrante mollet gauche et jambe droite par éclats de grenade ». Le 20 mai, il écrit au verso de la carte postale ci-dessous « Mes chères soeurs, je vous présentent les officiers de mon ambulance – voyez, on ne dirait vraiment pas à leur mine que ce sont des blessés. C’est que le moral est bon, et tous, bientôt vont bénéficier d’une convalescence. Je partirait sans doute à la fin de la semaine« .
Il est de retour au front le 23 juin. A cette époque, et jusqu’au 12 juillet, le 5e Ri est cantonné dans le secteur de Boves (sud d’Amiens), en réserve.
Le 13 juillet, le régiment est embarqué en train et camions pour le secteur de Villers-Cotteret dans l’Aisne pour participer à l’attaque de la Xe armée prévue le 18 au matin sur tout son front. Sans préparation d’artillerie, les régiments attaquent, appuyés par 350 chars. La progression est difficile face à l’artillerie et l’infanterie allemande qui se défendent âprement, mais la marche en avant est amorcée. Le 21 juillet, le mouvement en avant continue en direction de Géroménil et Ouchy-la-Ville avec des pertes importantes. La progression est stoppée par des tirs de mitrailleuses et d’obus.
Ce 21 juillet, François est sérieusement blessé au bras par un éclat d’obus et évacué. Son attitude dans les combats lui vaudront une troisième citation (du 17 septembre 1918), à l’ordre de la Xe armée : « jeune officier d’une bravoure remarquable, a conduit superbement sa section au cours des combats (..), grièvement blessé à l’attaque »
Tout début août, il est évacué à l’arrière à l’hôpital complémentaire n°39 de Aire sur l’Adour, dans les Landes.
François remonte au front le 11 septembre 1918. Dans la nuit du 17 au 18 septembre, le régiment est relevé de l’Aisne et peu après transporté en train en Belgique.
Une armée franco-belge est chargée de rompre le front ennemi, et de progresser en direction de Gand. Le 5e Ri devient, le 17 octobre, avant garde de la division d’infanterie engagée depuis le 14 octobre, et s’attache aux arrières-gardes ennemies qui retraitent.
Le passage de la Lys, véritable défense naturelle, permet aux troupes allemandes d’organiser leur résistance. Grâce à des radeaux de fortune, les compagnies du 5e Ri parviennent à franchir la rivière et à se maintenir malgré une puissante contre-attaque. Néanmoins, sur les ailes, les 2e et 7e compagnies sont enveloppées par le nombre.
François est porté disparu ce 20 octobre, fait prisonnier. Pas d’informations sur sa période de captivité.
1919, vers la démobilisation
François est rapatrié au centre de Cherbourg le 5 janvier 1919, et rentre au dépôt du 5e RI, à Falaise, le 12 février.
Le 11 mars 1919, il écrit depuis la région parisienne « Fini le stage à Deauville; c’est par erreur qu’on y était. Depuis samedi, nous sommes à Joinville – près de Paris – cela marche à merveille. Je puis visiter un peu Paris en Cie de mes anciens camarades de Quimper dont beaucoup sont également là. Le cours finit samedi, et je vais ensuite retourner à Falaise« .
Il quitte Falaise le 8 avril et écrit à ses soeurs « je vais peut-être partir au front bientôt – j’attends la réponse de mon colonel à qui je viens d’écrire qu’il me réclame« . De fait, le 24 avril, il repart aux armées rejoindre le 5e RI.
Après l’armistice, et après un séjour en Belgique et dans le nord de la France, le 5e RI a réintégré sa division d’origine, la 6e division d’infanterie, qui est stationnée dans le Palatinat bavarois. C’est donc là, dans la région de Mayence, que François retrouve son régiment.
Le 18 juin 1919, le 5e RI est déplacé entre Mayence et Worms, et occupe les cantonnements de Gunsterblum et Gimsheim. C’est dans ce dernier que se trouve François, en témoigne quelques cartes postales assez laconiques. Le 5e RI n’aura pas à franchir le Rhin; le 28 juin, les Allemands signent le traité de paix.
Le 6 juillet, François écrit à sa jeune soeur « Nous avons quitté le Rhin pour nous rapprocher de la frontière; mercredi nous embarquerons pour la banlieue de Paris; nous devons défiler dans la capitale le 14 juillet et resterons ensuite là-bas. J’ai vu sur les journaux d’aujourd’hui que la classe 16 sera démobilisée entre le 9 et la 20 octobre – 3 mois encore ; j’arriverai juste pour le mariage de Marie-Jeanne«
Le 14 juillet 1919, la 6ème division, et avec elle le 5e RI, participe au défilé qui marque les fêtes de la Victoire. François participera à ce 1er défilé du 14 juillet, et sera démobilisé le 24 septembre 1919.
Chevalier de la légion d’honneur
François Trellu est nommé chevalier de la légion d’honneur en mars 1921.