Hervé Le Grand (1886 – ?)

Soldat au 3e régiment de Zouaves, Hervé fait son baptême du feu aux premiers jours de la bataille de Verdun. Il est fait prisonnier le 25 février 1916 et interné au camp de Friedrichsfeld, près de Munster, en Allemagne, jusqu’à la mi-décembre 1918.

Marié en 1911, il était domestique à Kergoat.

Hervé Le Grand naît le 22 mai 1886 à Toulanay, Plogonnec. Il est le 7e enfant de Jean, journalier et de Marie Jeanne Le Floch, journalière, qui auront ensuite 4 autres enfants et s’établiront à Locronan.

Avant la guerre

Cheveux châtains et yeux bleus, il est de petite taille (1,53 cm) et ne sait ni lire ni écrire.

Au recensement de 1911, il est domestique à la ferme de Ty-Moal, à Kergoat, Quéménéven. C’est aussi cette année là qu’il épouse Augustine Kérec, 17 ans, de Plogonnec, la jeune soeur de sa belle-soeur.

Pendant la guerre 

Exempté du service militaire pour faiblesse générale en 1907, il n’est pas mobilisé en août 1914. Le conseil de révision du 7 décembre 1914 le classe « service armé » et Hervé rejoint le 45e RI à Lorient, le 23 février 1915. Il passe au 1er régiment de Zouaves, dont il rejoint le dépôt à Saint-Denis, le 6 juin 1915.

Envoyé en renfort sur le front le 10 novembre 1915, il rejoint le 3e régiment de Zouaves en compagnie de 320 autres zouaves au cantonnement de Petite Synthe, dans le Nord (Petite Synthe est aujourd’hui un quartier de Dunkerque) où le bord de mer est utilisé comme terrain de manoeuvre et d’instruction. Le 3e Zouaves y stationne depuis un mois et demi et y restera jusqu’a début janvier pour s’entraîner et se reconstituer – il reçoit en quelques jours, mi-novembre 1915, plusieurs centaines d’hommes en renfort.

Un peloton du 3e zouaves équipé pour le combat (extrait de « Les soldats de Bombon tués en 1916 »)

Début janvier, le 3e Zouaves, avec l’ensemble de la 37e division, embarque par chemin de fer pour la région de Bar-le-Duc, au sud de Verdun où il cantonne jusqu’à début février puis est acheminé, toujours en train, au camp de Mailly au sud de Châlons-en-Champagne où il est installé dans les baraques de la partie ouest du camp.

Le 11 février, le 3e Zouaves est alerté et regagne ses cantonnements de la région de Bar-le-Duc où il reste en alerte jusqu’au 16 février. Le 16, le 3e Zouaves est transporté par auto au sud de Souilly où il gagne ses cantonnements sous un temps épouvantable, giboulées continuelles, à 15 km de Verdun. Pendant plusieurs jours, les bataillons se déplacent d’un cantonnement à l’autre.

Le 21 février, « on entend le matin une violente canonnade. Le régiment est alerté par message téléphonique » est-il écrit dans le Journal de Marche du régiment. C’est le début de la bataille de Verdun. Le lendemain, « de nouveau on entend une canonnade violente » et le régiment alerté reçoit l’ordre de se porter immédiatement sur Verdun.

Le 23 février, le 3e Zouaves reçoit l’ordre de faire mouvement vers le secteur à l’ouest de Fleury-devant-Douaumont. Selon l’Historique régimentaire, le 24 février, après une nuit passée au bivouac par moins quinze degrés, le colonel reçoit l’ordre de porter le régiment dans le ravin au Sud-Est de Louvemont. La troupe se met en marche et croise les blessés venus de l’avant qui donnent des nouvelles alarmantes : les villages de Savonneux et de Louveront sont aux mains des Allemands. La progression des Allemands est confirmée, et l’ordre est donné de les stopper coûte que coûte.

Le 2e bataillon prend position sur la côte du Poivre, le 5e bataillon sur les hauteurs à l’Est de la route de Louvemont avec le 2e Tirailleurs. Le 1er bataillon est en réserve. En arrivant sur la crête, sous la neige, les 2 bataillons sont pris sous un bombardement d’une violence inouïe. Les obus de 210 en crevant la croûte gelée font retomber en même temps que leurs éclats d’énormes mottes de terre durcie. Seule la nuit ralentit un peu le bombardement et au moyen d’outils portatifs, les hommes approfondissent les tranchées existantes et en creusent de nouvelles.

Verdun, Côte du Poivre en janvier 1916 (Extrait de « Aux Premiers Temps des Photographes »

Le 25 février à 14h, le tir de l’artillerie allemande s’allonge et l’ennemi se porte à l’assaut. Malgré les trente heures de bombardement intense qu’il vient de subir, le 3e Zouaves résiste à l’attaque. Après un nouveau bombardement, les troupes allemandes tentent une nouvelle attaque aussi violente que la 1ère. Sur certains points ils atteignent les tranchées du 3e Zouaves mais sont finalement refoulés. A la tombée de la nuit bien que le 3e Zouaves ait conservé toutes les positions occupées la veille, l’ordre de repli arrive subitement.  » La nouvelle est si inattendue que, croyant à une erreur, les chefs de bataillon demandent une confirmation écrite de cet ordre. … Le décrochage s’opère sous la protection de quelques éléments qui rejoignent le lendemain matin  le régiment rassemblé à Belleville. » peut-on lire dans l’Historique régimentaire.

C’est au cours de cette journée qu’Hervé est fait prisonnier, peut-être au moment du décrochage.

Hervé est envoyé en Allemagne où il est interné au camp de Friedrichsfeld, en Allemagne jusqu’au 12 décembre 1918.

Ouvert dès 1914, le camp de Friedrichsfeld est situé à proximité de Wesel, au nord de Duisbourg, non loin de la frontière hollandaise. Dans « Westfalen in Ersten Weltkrieg », l’historien allemand Rainer Pöppinghege évalue à 79161 le nombre de soldats prisonniers dans le camp de Friedrichsfeld à la fin de la Première Guerre Mondiale. Une visite de ce camp réalisée début mars 1915 par un délégué de la Croix-Rouge y recensait 15316 prisonniers français. (https://grandeguerre.icrc.org/fr/Camps/Friedrichsfeld-pres-de-Wesel-dans-les-provinces-rhenanes-/424/fr/). Le camp était alors composé de 58 baraques, d’un lazaret (hôpital) et d’une chapelle, équipé d’installations de bains et de douches.

(http://friedrischfeldpowcamp-blog.tumblr.com)
(http://friedrischfeldpowcamp-blog.tumblr.com)
L’intérieur d’une baraque (http://friedrischfeldpowcamp-blog.tumblr.com)

Un mois après l’armistice, le 12 décembre 1918, Hervé est rapatrié en France. Le 6 février 1919, il passe au 118e RI de Quimper et sera démobilisé le 3 avril 1919.


Généalogie Le Grand de père en fils
Guillaume Le Grand (-1691)
Christophe Le Grand (1655-1702)
Jean Le Grand (1692-1750)
Yves Le Grand (1719-1783)
Gabriel Le Grand (1751-1781)
Yves Le Grand (1781-1830)
François Le Grand (1810-1851)
Jean Le Grand (1846-1929)
Marie Renée Le Grand (1890-1953)Hervé est le frère de Marie-Renée
Jules Le Grand (1906-1953)
Alain Le Grand (1935-2003)