Jean-Pierre Le Grand s’illustre comme agent de liaison (coureur) au 12e RI lors de la bataille de l’offensive française du 20 août 1917 sur le front de Verdun.
Originaire de Locronan, il s’établit à Soissons après la guerre.
Jean René Marie Le Grand, dit Jean-Pierre, naît le 10 octobre 1996 à Rosaguen, à la limite de Locronan et Plonévez-Porzay. Il est le 11e et dernier enfant de Jean, journalier et de Marie Jeanne Le Floch, journalière.
Avant la guerre
Cheveux châtains et yeux jaunes, il est de petite taille (1,53 cm) et sait lire et écrire.
Pendant la guerre
Incorporé à compter du 8 avril 1915 avec la classe 1916 au 65e RI de Nantes, Jean-Pierre est affecté à l’intérieur jusqu’à fin mars 1916, au dépôt ou dans une affectation hors de la zone des armées, peut-être en raison de sa petite taille.
Fin mars 1916, Jean-Pierre est affecté au 9e bataillon du 91e RI.
Les 9e bataillons ont été créés en août 1915. Ce sont des unités de dépôts et d’instruction, affectées à des centres d’instruction de corps d’armées ou de divisions, dans la zone des armées, afin de fournir rapidement des renforts opérationnels aux unités combattantes. Ces centres d’instruction réunissaient plusieurs 9e bataillons, leur implantation pouvait être différente de l’unité à laquelle ils étaient administrativement rattachés (le 91e RI dans le cas présent).
Ceci explique sans doute pourquoi alors que le 91e RI est dans la Somme, Jean-Pierre est évacué malade (bronchite) le 8 octobre 1916 de Verdun, tel que mentionné sur sa fiche matricule. Malheureusement, à ce jour, pas de détails sur le 9e bataillon du 91e RI.
A nouveau évacué pour maladie le 20 novembre 1916, du camp de Roches-sur-Marne, à proximité de St-Dizier, il est hospitalisé un mois à l’hospice de St Dizier, jusqu’au 18 décembre puis évacué sur l’hôpital temporaire de Montaison, en Auvergne, jusqu’au 10 janvier 1917. Il bénéficie alors d’une période de convalescence de 21 jours, prolongée de 20 jours, période pendant laquelle il regagne probablement Locronan.
Rentré au dépôt le 22 février 1917, il est encore déclaré inapte pour une durée d’un mois par la commission de réforme de Nantes, du 9 mars 1917.
Finalement, le 13 avril 1917, il rejoint le 9e bataillon du 91e RI, et est affecté en renfort au 12e RI le 23 avril 1917 dans le secteur de Bezonvaux et du bois des carrières, soumis à des attaques et des bombardements quotidiens. Après une petite période de repos du 15 au 29 mai, le 12e est à nouveau en ligne dans le même secteur. Voici ce que l’on peut lire dans le JMO du régiment en date du 4 juin 1917
» Calme dans la matinée et une partie de l’après-midi.
De 13h à 15h, activité des engins de tranchées ennemies sur les carrières
de 17h à 19h gros minens sur la .. NE des Carrières et de 21h à 22h bombardement des lignes par bombes à ailettes sans activité d’infanterie.
L’artillerie s’est montrée très calme toute la journée. De 18h45 à 19h30, bombardement très vif des batteries du ravin de la Fausse-Cote. Quelques obus par surprise sur la Carrière-sud (…)
Blessé : Legrand, 11e (compagnie) »
Blessé par éclats de torpille dans le dos au Bois des Carrières, Jean-Pierre est éloigné quelques temps du front et affecté à l’intérieur du 13 juin au 7 août 1917. Il fait partie des 1200 hommes perdus par le 12e RI de mi-février au 30 juin 1917.
Après un repos d’un mois, vers le 10 août, le 12e RI regagne la zone d’attaque toujours sur le champ de bataille de Verdun, dans le secteur du boyau de Nantes et de la route de Louvemont. Pendant 8 jours, il participe à la préparation de l’offensive française qui doit avoir lieu sur le front de Verdu, malgré les intempéries et sous les bombardements de l’artillerie allemande qui envoie à profusion des gaz asphyxiants et lacrymogènes. Jean-Pierre reprend sa place dans sa compagnie.
Le 19 août, dans la nuit, les bataillons montent en secteur et prennent place à leurs postes de combat. Le 3e bataillon (bataillon de réserve) détache la 11e compagnie, celle où se trouve Jean-Pierre, dans le ravin St Pierre derrière le 1er bataillon avec la mission spéciale d’occuper après l’assaut la position ennemie du Chevalet, d’organiser un repli et d’exécuter des tirs indirects de mitrailleuses et de canons de 37.
La nuit s’écoule sous les bombardements de l’artillerie lourde qui cause des pertes sérieuses en 1ère ligne. A 4h40, l’assaut est donné. La tranchée du Chevalet est enlevée. Installé en fin d’attaque dans l’ouvrage de Mormont (Est de la cote 326), le 12e RI peut prêter main forte aux régiments qui mènent l’assaut à ses côtés, le 6e RI et le 412e RI. Pendant les 5 jours qui suivent, le 12e résiste aux contre-attaques et aux bombardements d’une intensité inouïe dirigés par les Allemands sur leurs lignes perdues. Si des pertes importantes sont à déplorer (près de 700 hommes hors de combat au 12e RI, la victoire est notable : une avance de 2 kms, de très importantes positions reconquises, près de 300 prisonniers, un matériel considérable capturé.
Pendant ces journées, Jean-Pierre gagne sa croix de guerre avec étoile de bronze » jeune soldat d’un courage à toute épreuve, s’est particulièrement distingué au cours des journées du 20 au 25 août dans les fonctions de coureur « .
« les coureurs étaient des as du démerdage et des types gonflés à bloc.
… Pliés en deux, le buste parallèle au sol, ils couraient quelques pas, genous pliés, et ils s’abattaient à terre et un peu plus tard ils se décollaient encore du sol et recommençaient. Ceux qui les regardaient sentaient leur propre visage se crisper en voyant les geysers de fumée, de terre et de débris jaillir autour de ces hommes qui s’éloignaient. Certains n’allèrent pas bien loin, on les vit tomber pour ne pas se relever… » (extrait de « Verdun » de Georges Blond, 1961)» Les hommes désignés comme agents de transmission sont choisis avec soin et reçoivent dans leur unité une instruction spéciale. Ils doivent posséder une bonne vue, s’avoir bien s’orienter, être agiles et savoir écrire. (…)
L’agent de liaison auprès du chef d’une unité supérieure ou d’une unité voisine doit pouvoir lui fournir tous les renseignements utiles sur l’unité qui l’a détaché. Il se tient au courant de la situation et des événements qui se déroulent à sa portée de manière à pouvoir, de sa propre initiative, renseigner son chef immédiat avec lequel il communique par les moyens dont il peut disposer (téléphone, télégraphe, cyclistes, signaux, etc…). il doit toujours être en mesure de se rendre rapidement auprès de l’unité qui l’a détaché et, dans ce but, connaître la direction dans laquelle elle se trouve, ainsi que l’itinéraire pour la rejoindre sans perdre de temps. » (Extraits du Manuel du gradé de l’infanterie 1918 – Berger Levrault)
Les 25 et 26 août 1917, le régiment est enlevé en autos pour aller cantonner à Dompierre.
Après un long repos dans le secteur du camp de Mailly, le régiment est envoyé dans le secteur d’Hoeville en Lorraine du 8 octobre 1917 au 2 juin 1918. A quelques kilomètres des tranchées, et lieu du repos du bataillon de réserve, le village d’Hoeville est habité, ce qui change considérablement des villages évacués et détruits du secteur de Verdun. Entre patrouilles, embuscades, reconnaissances, coups de mains et travaux défensifs, les troupes ne restent pas inactives.
Début juin 1918, le régiment est transporté dans l’Oise. Le 9, les Allemands lancent une grande offensive vers Paris. Voici ce que l’on peut lire dans l’Historique régimentaire
:
« L’alerte est donnée ! A 19 heures, les camions-autos sont là et les troupes sont embarquées. Le voyage est particulièrement pénible : l’atmosphère de la nuit est lourde. La poussière pénètre partout, les autos roulent lentement, stoppent sur les routes encombrées de convois, reprennent leur marche trépidante. Et les yeux des hommes discernent sous le voile de la poussière dans cette nuit claire de juin un spectacle que la Lorraine ne leur a pas montré, qu’ils n’ont d’ailleurs pas revu depuis les premiers mois de la guerre : c’est le cortège poignant des familles qui fuient devant l’envahisseur, des voiturettes d’enfants chargées de ce que l’émotion et la soudaineté du départ ont permis d’emporter; des vieillards qui se traînent; des femmes, des enfants qui courent, des animaux qui se laissent tirer en beuglant…; au loin, mais se rapprochant, un roulement continu; au-dessus des ronflements très bas des moteurs ».
A 10 heures, le 10 juin 1918, les compagnies du 12e RI sont en place. En fin de journée, le combat s’engage dans les rues de Marest qui ne peut être pris. Dans la nuit, les Allemands poursuivent leur attaque pour tenter de s’emparer de Chevincourt, mais ne passent pas. Le lendemain matin, le 11, nouvelle attaque sur Chevincourt. Le 12e résiste jusqu’au soir où Chevincourt est investi, le 3e bataillon tenant encore un réduit organisé autour de l’église qui finit par tomber le lendemain matin, 12 juin. Un nouvel assaut sera finalement stoppé. Jean-Pierre est probablement blessé au cours de cet assaut, car il est évacué du front jusqu’au 7 août.
Revenu dans la zone des armées le 8 août 1918, il est classé service auxiliaire par la commission de réforme de Senlis le 11 septembre 1918.
Démobilisé le 20 mars 1919, il est réformé pour bronchite chronique.
Après la guerre
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