Yves-Marie Trellu (1894-1916)

Quelques jours après être devenu sous-lieutenant au 4e RI, Yves est grièvement blessé dans le secteur de Verdun. Il meurt, à 22 ans, des suites de ses blessures à l’ambulance de Landrécourt, le 13 décembre 1916.

Instituteur à Briec avant guerre, il était célibataire.

Yves Marie Trellu – 8 janvier 1915 (coll. pers.)

Né à Kergadoret, Kergoat, le 21 février 1894, il est le 3ème enfant et le fils aîné de Yves Trellu, charpentier, et Marie Anne Rolland.

Avant la guerre

Yves Trellu a intégré l’école Normale de Quimper en 1910 en tant qu’élève-maître. En août 1912, il obtient son brevet supérieur, et en juin 1913 son certificat de fin d’études normales.

Il est alors nommé instituteur-stagiaire à Briec le 15 septembre 1913. Inspecté en février 1914, alors qu’il enseigne à une classe de 46 garçons, il obtient son certificat d’aptitude pédagogique avec comme conseil d’ « affermir son autorité. M. Trellu est jeune et a quelques peine à imposer une ferme discipline ». Il vient d’avoir 20 ans.

En juillet 1914, il prend congé pour faire son service militaire.

Cheveux châtains, yeux châtains, il est de taille moyenne (1,65m).

Pendant la guerre

Mobilisé le 6 septembre 1914 au 116e régiment d’infanterie de Vannes (matricule 1061 au recrutement de Brest-Châteaulin), il est nommé caporal à la 27e compagnie et rapidement instructeur au camp de Meucon, pas très loin de Vannes.

Quelques mois plus tard, alors que l’on sent bien que la guerre durera plus que ce qui était escompté, une carte postale adressée à son frère témoigne de son empressement à rejoindre le front. « Nous aurons le bonheur de rejoindre les armes et de les aider à culbuter les Boches » écrit-il.

Après sa formation d’élève-aspirant, il passe au 4e régiment d’infanterie le 14 mars 1915.

Le 20 mai 1915, il adresse à sa jeune soeur une carte postale laconique postée de la gare de Laroche dans l’Yonne. « En route pour le front. », écrit-il.

Il est alors aspirant au 4e régiment d’infanterie.

De Clermont-en-Argonne où Yves est au repos le 25 juin 1915, il envoie une carte postale au ton léger, comme s’il passait quelques jours agréables de vacances en Argonne.

« Le repos continue agréablement. Dans mes moments de liberté, je vais cueillir des cerises bien mûres déjà. Les arbres en sont remplis et nous en avons à volonté. Une rivière passe à côté de sorte que nous y allons nous baigner tous les jours. L’eau est claire et profonde, c’est merveilleux. Nous sommes bien contents de secouer notre poussière au sortir des tranchées ».

Le contraste est saisissant avec le recto de la carte montrant Clermont en ruine, et avec ce que l’on sait des violences des combats qui ont fait rage dans les forêts d’Argonne, rayant définitivement plusieurs villages de la carte.

Seule une lettre adressée à son frère en juillet 1916 témoigne des actions qui lui vaudront ses citations.  « Nous sommes sortis de l’enfer cette nuit pour venir au repos ». Il est toujours en Argonne, dans un secteur où les explosions de mines sont quotidiennes.

Yves Marie Trellu, automne 1916 (coll. personnelle)

Citations 

Cité à l’ordre de la 17e brigade le 12 avril 1915 :

« A été d’un bel exemple pour son escouade lors de l’attaque d’une tranchée allemande.»

Cité à l’ordre de la division, le 27 juillet 1916 :

« Volontaire pour veiller dans une tranchée à découvert pendant un violent bombardement, a permis la riposte immédiate. Courage parfait pendant les deux jours de combat

Titulaire de la Légion d’honneur et de la Croix de guerre avec palme de bronze.

Circonstances de son décès

En octobre 1916, le 4e RI arrive dans le secteur de Verdun de sinistre réputation, car la bataille y fait rage depuis le mois de février. Le 15 novembre sa sœur lui écrit : « J’ai reçu ta carte aujourd’hui avec grand plaisir, car depuis le 2, tu ne nous avais pas écrit. C’est long mon pauvre frère surtout que nous savions que tu étais dans ce sale trou de Verdun ».

Yves est nommé sous-lieutenant le 23 novembre 1916, au 4e régiment d’infanterie, et en tant que tel prend la tête d’une section, soit 60-65 hommes.

Mais, c’est ici que son destin bascule. Voici ce que l’on peut lire sur le journal de marche de la 17e brigade à laquelle appartient le 4e régiment d’infanterie, à la date du 5/6 décembre 1916 : « à la suite de l’attaque allemande de la matinée du 5 décembre, l’artillerie allemande a montré une certaine activité. Une patrouille allemande qui s’était présentée dans la nuit à 23 heures devant le front du s. secteur de gauche a été repoussée à coups de fusils.
Tirs de harcèlement par notre artillerie.
Faible activité de l’artillerie ennemie
Pertes : 4e : s/Lt Trellu grièvement blessé (balle dans la tête), 7 tués, 9 blessés et 4 évacués
 »

Yves Trellu est alors évacué sur l’ambulance de campagne de Landrécourt à quelques kilomètres au sud de Verdun, où son frère François, qui se trouvait alors en arrière du front dans les environs de Bar-le-Duc, viendra lui rendre visite. Il est cependant dans un état trop grave pour être évacué vers un hôpital, et décède le 13 décembre.

Après son décès

Tombe de Yves Marie, dans ce qui deviendra la nécropole de Landrécourt-L’empire (coll. pers)

Yves Trellu est inhumé dans la nécropole de Landrécourt-Lempire, Meuse, carré A, rang 16, avec 1 962 autres compagnons de guerre.


Sources

Registres d’état-civil de Quéménéven

Fiche matricule, AD du Finistère (1R-1519 – 1914)

Site Mémoire des Hommes : Base des Morts pour la France, JMO de la 17e brigade d’infanterie


Généalogie Trellu de père en fils
Hervé Trellu
Jean Trellu (1671-)
Yves Trellu (1698-1761)
Jean Trellu (1745-1815)
Yves Trellu (1774-1833)
Yves Trellu (1810-1870)
Pierre Trellu (1833-1891)
Yves Trellu (1861-1930)
Marie Trellu (1901-1983)Yves est le frère de Marie