Les Frères des écoles chrétiennes, disciples de Jean-Baptiste de la Salle, accompagnent largement le développement de l’école élémentaire en France au XVIIIème et au XIXème siècles avec des méthodes d’enseignement novatrices pour l’époque, notamment l’enseignement simultané par niveau dans la langue maternelle de l’enfant (et non plus en latin).
Les archives Lasalliennes (http://www.archives-lasalliennes.org) proposent aujourd’hui un moteur de recherches permettant de trouver des renseignements sur un frère à partir de son nom civil ou de son nom religieux. Les fiches sont ensuite plus ou moins complètes en fonction des individus. Allez-vous y dénicher une « connaissance » ?
Voué à l’éducation des enfants des milieux pauvres et modestes, l’institut des Frères des Ecoles Chrétiennes passe, en France, de 930 frères, répartis en 128 établissements et donnant l’instruction à 35 700 élèves à la veille de la Révolution à plus de 15 000 à la fin du XIXème siècle [ref]http://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A8res_des_%C3%A9coles_chr%C3%A9tiennes[/ref].
Avec la laïcisation de l’enseignement public qui marque la fin du XIXème siécle, beaucoup de frères quittent la France. Certains se sécularisent, ce qui est le cas dans le témoignage ci-dessous.
Témoignage : Devenir Frère des écoles chrétiennes (extraits du récit autobiographique d’un arrière grand-oncle)
« Dès que j’avais fait les trois communions réglementaires de ce temps-là, ma mère désireuse de me donner un moyen honnête de gagner ma vie, me plaça chez un parent à Cast, pour apprendre l’état de tailleur, ce patron me traitait trop durement, je le quittais pour suivre Jean Salaün au bourg de Quéménéven, lequel épousa plus tard ma soeur Marie, mais voulant me rapprocher de plus en plus de ma mère, je vins chez Claude Le Bras à Kerfeuillant.
La fièvre muqueuse sévissait dans le pays, nous fûmes tous atteints et notre mère en mourut au bout de huit jours de maladie. (…)[ref]On est en 1859[/ref]
Quelques mois après la mort de notre mère, je quittais Quéménéven malgré les conseils de mes soeurs, pour aller à Quimper, dans l’intention de me perfectionner dans un métier. Après avoir changé de maître trois fois (…), j’arrivais chez le bedeau de Kerfeunteun (…) je devins spécialiste pour piquer les vestons pour homme (jupenou) et les corsages pour femme (manchou).
Mais toujours hanté par la pensée que je n’avais plus personne pour me soigner si je tombais malade et le désir de m’instruire (…), après avoir mûrement réfléchi, le 4 juin 1861, je rentrais chez les Frères des Écoles Chrétiennes à Quimper et je leur versais 400 F, devant mon tuteur, pour payer mon année de noviciat. Dès lors je me mis courageusement à étudier. Au bout de 6 mois, mes maîtres me disaient qu’on était content de moi et qu’en continuant à bien travailler , je deviendrais un bon sujet; mon amour-propre était flatté, je redoublais d’ardeur pour l’étude.
Le 1er avril 1862, je fus envoyé à Brest pour y faire la petite classe (179 élèves). »
Son parcours d’instituteur congréganiste
Septembre 1864 : Auray (Morbihan), cours élémentaire (80 élèves)
Septembre 1865 : retour à Brest, classe élémentaire (130 élèves)
1867 : toujours à Brest, 2ème classe (cours moyen 90 élèves)
Mars 1869 : obtient son brevet élémentaire avec partie du brevet supérieur à Saint Brieuc.
En 1871, il participe au conflit et est chargé d’une ambulance contenant une vingtaine de varioleux et muqueux.
Retour à Brest, 1ère classe (80 élèves) cours moyen 2ème partie avec dessin linéaire et le soir, cours Histoire aux jeunes maîtres.
Septembre 1873 : Brest, division supérieure, dite cours spécial 40 élèves (préparation au certificat d’étude, aux bourses de l’enseignement primaire supérieur et aux concours pour auxiliaires aux Postes et Télégraphes. [ref] à cette époque, Brest compte 6 écoles de garçons de 500 élèves et 6 instituteurs adjoints chacune dont 4 écoles laïques et 2 congréganistes.[/ref]
« Suivant attentivement le mouvement républicain qui s’accentuait de plus en plus en France, je ne me trouvais plus dans mon élément de liberté, et avisé par la municipalité de Brest que les écoles communales seraient bientôt laïcisées, je résolus de rentrer dans la vie civile.
Après les prix, le 9 août 1879, je quittais sans bruit, volontairement et libre de tout engagement, l’Institut des Frères des Écoles Chrétiennes. »
Source des images : http://www.archives-lasalliennes.org
Après la « laïcisation » de l’enseignement en France, qu’ils ont vécu comme une persécution, les Frères des Écoles Chrétiennes sont allés fonder des écoles au Canada où ils ont joué un rôle important dans l’éducation primaire jusqu’au début des années 1960.